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UN EURROIS...UNE VIE : L'abbé FIERE
21/06/2010 15:17
L'église, vue de la "Grand'rue" et de la "place des arts" photo : jean michel LEROUX
"Un eurrois ... Une vie" est une rubrique parue dans le bulletin municipal de la commune " En tout lieu, à tout'Eurre".
La vie d'un village, à travers le temps, est marquée des empreintes laissées par des hommes et des femmes hors du commun. Leur personnalité, leur action, leur combat, ont écrit de belles pages d'histoire locale dont 'il convient d'en conserver le souvenir.
L'abbé Etienne FIERE
Etienne FIERE passa à Eurre à une époque déterminante pour le devenir de notre pays. Sa condition de prêtre lui permit d'être au devant de la scène en participant activement à la vie du village. Enthousiaste, il mit la fougue de ses 25 ans dans l'épopée révolutionnaire. Intelligent, il comprit bien vite les défauts de la "Terreur". Ses honorables fonctions sacerdotales nous invitent à parler de notre village et de rappeler qu'il fit parti de ses concitoyens. Eurrois d'un jour... Eurrois de toujours.
Né au Bourg de Péage le 20 décembre 1765, Etienne FIERE est ordonné prêtre en 1789. D'abord vicaire à Meymans, il signe à Eurre, son premier acte sur les registres BMS le 22 décembre 1789.
Le 7 mars 1790, il est conseiller municipal. Le 30 juin 1790, il est signataire de la lettre et adresse envoyée à l'Assemblée Nationale par les ecclésiastiques du district de Valence qui jurent fidélité à la Nation, à la Loi et au Roi et de respecter les décrets de ladite Assemblée Nationale. Serment qu'il fera officiellement avec son vicaire ROSERON, le 23 janvier devant tout le conseil municipal et les paroissiens.
Sur l'état des contributions foncières de 1791, il déclare 1200 livres de revenus et 4 livres de loyer.
Le 12 novembre 1792 (22 brumaire an 1) il marie sa soeur Françoise Romaine avec Jean MOREL, clôturant ainsi le dernier acte des cahiers paroissiaux.
Etienne, comme beaucoup de ses confrères du bas clergé, croyait en l'église constitutionnelle, espoit de la révolution, afin d'éviter les abus, de réorganiser l'Eglise, d'épurer le clergé et les hauts fonctionnaires ecclésiastiques. Comme d'autres, sa conscience le pousse au repentir et il choisit de se rétracter du serment prononcé quelques mois plus tôt.
Le 7 août 1793 (20 thermidor an 1) le conseil municipal constate que le presbytère est laissé vide par le citoyen FIERE qui s'est enfuit. Son beau frère Jean MOREL détient la clef mais ne veut la rendre au cas ou Etienne reviendrait chercher ses affaires.
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L'abbé FIERE (suite)
21/06/2010 18:51
Etienne se réfugie dans sa famille à Romans. Il continue d'exercer son ministère tout en travaillant dans l'atelier de son frère, mégissier à la Presle. Les soeurs du couvent Sainte Claire de Romans se plaignent qu'il abîmait toutes leurs aubes en venant dire la messe chez elles, encore chaussé de ses gros souliers boueux et pleins de tan.
Un jour qu'une religieuse de Ste Claire était en visite chez la soeur Marie Claire FIERE, ex-clarisse et soeur d'Etienne, elle resta quelques instants seule avec l'abbé qu'elle ne connaissait pas et lui posa à brûle-pourpoint cette question : " quelle mine fait l'abbé FIERE ? _ Triste mine , madame." lui répondit ce dernier qui commençait à se repentir de son serment ; il sorti de suite et peu de temps après, fit sa rétractation.
Comme d'autres, il entretient à Romans la foi catholique, à cette époque du Directoire, comme il l'avait fait au plus sombres jours de la Terreur. Il fallut attendre le coup d'état du 18 Brumaire et l'avènement au pouvoir de Napoléon Bonaparte pour que les questions religieuses soient traitées en donnant la liberté des cultes et que les prêtres, traqués, puissent reprendre leur ministère au grand jour.
L'abbé FIERE devint en 1801 curé de Saint Jean en Royans. Il fonda un petit séminaire qui accueillait en 1809, 150 élèves. En 1811, il est nommé chanoine de la cathédrale de Valence et supérieur du petit séminaire.
En 1823, il est vicaire général de l'évêque de Valence. Il décède le 28 janvier 1831 à Bourg de Péages à l'age de 65 ans.
Références : Dictionnaire bibliographique de BRUN-DURAND (1901)
BSAD n° 49 (1944) Recherches sur le clergé de Romans pendant la Révolution Française... de Jean BOUVIER;
La Revue Drômoise : La Révolution, attitude du clergé face au serment et à l'église.
Registres B.M.S. de la paroisse de Eurre. (Archives en mairie)
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Un eurrois...une vie ... L' Insurgé de Eurre
28/07/2010 19:40
Réédition 1991 de la série originale de 15 cartes postales des fêtes d'inauguration du Monument à la mémoire des Insurgés. Commité "Insurgé 1851". Imprimerie du Crestois 26400 Crest. Le monument avant son enlèvement en janvier 1942
Pierre André VINET : l' Insurgé de Eurre
la vie d'un village, à travers le temps, est marquée des empreintes laissées par des hommes et des femmes hors du commun. Leur personnalité, leur action, leur combat, ont écrit de belles pages d'histoire locale dont il convient d'en conserver le souvenir.
Le Val de Drôme et la ville de Crest ont vécu, en 1991, l'aventure des insurgés de 1851. La flamme du souvenir continue de brûler et les mémoires conserveront leur émouvant combat pour la Liberté, baigné de larmes et de sang. En témoignage, le monument de Crest a retrouvé sa statue le 8 décembre 1991.
En 2003, Robert SERRE, publiait "1851 Dix mille Drômois se révoltent" aux éditions Peuple Libre/Notre Temps.
Pierre André VINET figure sur le tableau en hommage aux comdamnés du coup d'état du 2 décembre 1851 qui se trouve en mairie de Bourdeaux.
Les beaux jours
Né le 5 Floréal an IX (25 avril 1801) à Crest, il est le fils de François VINAY et de Laurence CHARRIERE.
En 1803, sa famille vient s'installer à Eurre et François possède en 1820 deux maisons dans le village, des terres labourables et des vignes au Bois-vieux et au Routel. En 1823 il est qualifié de tailleur d'habit.
Victoire VINAY, sa soeur, est née le 3ème jour complémentaire de l'an XII (20 septembre 1804) mais son frère ainé Pierre VINET décède à Eurre le 6 février 1808 à l'age de 13 ans. (remarquez comment l'orthographe du nom varie selon celui qui l'enregistre car François est illettré).
Le 24 juillet 1831, Pierre André VINET figure sur le procès verbal de reconnaissance des Officiers et Sous-Officiers de la Garde Nationale que le Conseil Municipal a décidé de commuer Communale le 12 juin 1831, comme 1er Lieutenant sous les ordres du Capitaine Jean Louis FAURE.
Le 12 janvier 1835, le Conseil Municipal examine sa demande pour être revêtu des fonctions d'instituteur communal. Pour cela, il a du présenter à ces messieurs : sa demande d'installation, son brevet de capacité, une autorisation pour l'enseignement primaire dans la commune, un certificat constatant qu'il est digne, par sa moralité, de se livrer à l'enseignement sur l'attestation de trois conseillers municipaux. Il touchera, le 12 février, un traitement de 200 francs et une indemnité de logement de 30 francs. Il devra enseigner gratuitement à 15 élèves.
Pierre André se marie à Die le 25 janvier 1831 avec Joséphine RAMBAUD dont il eut plusieurs enfants. Les trois premiers moururent entre 1 et 5 mois, mais heureusement Adrien nait le 18 octobre 1842 à Eurre ainsi que Léon Paul le 27 novembre 1845.
En 1843, il figure toujours comme 1er Lieutenant de la Garde Nationale, sous les ordres du Capitaine Jean Augustin PLANEL et du second Capitaine Jean Louis FAURE, avec COMBE Michel comme second Lieutenant, JUGE André et MONIER Antoine comme Sous-Lieutenant.
En 1845, comme membre de la Fabrique d'Eurre, (conseil paroissial), son nom est inscrit sur la cloche de l'église que l'on vient de refondre.
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Pierre André VINET...L'insurgé de Eurre
02/08/2010 18:47
détail de la grosse cloche de l'église où figure sur la dernière ligne le nom de Pierre André VINET fabricien de la paroisse. Ph : jean michel LEROUX.
Les mauvais jours
Le 1er février 1852, le juge d'instruction Pierre NOVEL signe un mandat d'arrêt contre VINET Pierre André, pour participation à un mouvement insurrectionnel, avec ordre de le conduire à la tour de Crest. ( archives départementales M 1371/4 et Z 2449).
Au cours de l'instruction du procès des insurgés, 21 membres de la communauté eurroise firent des dépositions contre Pierre André. Plus de 40 pages reprèsentent les différents dires, racontars et prétendues preuves. ( AD: M 1354)
Alors que du 1er avril 1851 au 22 février 1852, le registre des délibérations du conseil municipal reste muet sur cette période pourtant si trouble, le maire, monsieur BARRET, fait preuve d'une certaine animosité à l'encontre de son secrétaire de mairie.
Certains racontent des faits presques banaux mais qui prennent, aux dates des 5 et 6 décembre 1851, une tout autre dimension.
D'autres accusent plus précisément sur des faits et gestes privés. Ils n'hésitent pas à impliquer leurs voisins.
"...fait partie de réunions politiques,il y a un an, chez Jacques AYAUD"
"... passe dans la commune pour être le chef du parti anarchique."
"...le 5 décembre a eut une conversation avec Louis COMBE qui est parti en courant vers Crest."
"... dans la soirée du 6 décembre, VINET fut trouvé dans l'auberge d'ARCULIER avec AYAUD, SAVAY, PASCALLIN, JUGE ... il y avait 25 hommes qui se chargeaient de réunir toute la communauté."
"... réunions chez l'instituteur...chansons démagogiques"
"... VINET m'a fait affilier à la société secrète au mois de novembre 1850."
Il est qualifié de chef et d'organisateur très influent et très dangereux des sociétés secrètes. Condamné à 5 ans de déportation en Algérie, il figure le 24 mars 1852 sur l'état nominatif des 203 détenus de la Tour de Crest, signé par le concierge BOUQUET. (AD 8Y5)
Robert SERRE écrit à la page 174 de son livre de référence* et tiré des archives M 1 354 (2), rapport Pochon :
" Une société avait été formée à Eurre par l'instituteur et secrétaire de mairie Pierre André Vinet, un homme de 50 ans, depuis 25 ans dans la commune, membre du Comité supérieur d'Inspection primaire de Crest. On avait bien entendu le 3 décembre dans l'après-midi sept à huit jeunes gens entonnant La Marseillaise. Le 5, pourtant, un piquet d'artilleurs venu de Crest constate qu'il n'y a aucun trouble. Le 6 vers 9 h du matin, Paulin Gasquet serait venu dire à Vinet "qu'il y avait contrordre pour marcher". Mais dans la nuit du 6 au 7, un rassemblement se forme devant la maison de Vinet où un messager apporte un ordre de Morin, le notaire de Montoison, de se réunir "sur la plaine de Saint-Ruf".../... Le 7, vers 5 h du matin, un feu est allumé au quartier de Bois Vieux, à l'ouest du village, mais on ne peut en découvrir les auteurs. L'après-midi, une grande agitation règne dans le village pendant la fusillade et la canonnade de Crest, les gens montent sur les hauteurs pour voir, mais personne ne tente d'approcher de la ville."
* Robert Serre, 1851 : Dix mille Drômois se révoltent, l’insurrection pour la République démocratique et sociale, 400 pages, éd. Peuple Libre / Notre Temps, novembre 2003.
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la tour de Crest
02/08/2010 19:04
La tour de Crest, plus haut donjon de France (52 mètres) ph : Jean Pierre SABARDEIL - 2007.
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La Tour de Crest
02/08/2010 19:14
C'est dans les geoles de cette prison d'état que les nombreux détenus de la révolte des 5 et 6 décembre 1851 ont été entassés en attendant leur sort. Ph : jean michel LEROUX - 2009.
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Pierre André VINET
04/08/2010 17:45
Acte de naissance de Pierre André VINET; scan : Jean Michel LEROUX - 2010
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Pierre André VINET
04/08/2010 17:53
Mandat d'arrêt du 1er février 1852. (archives départementales M1371/4 dossier 446). scan : Jean Michel LEROUX - 2010
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Pierre André VINET...L'insurgé de Eurre
04/08/2010 18:58
P.A.VINET accepte la grâce présidentielle. ( AD M1371/4 dossier 446) scan : Jean Michel LEROUX - 2010
Espoir et déchéance
Gracié le 15 août 1852 par l'empereur Louis Napoléon, il est mis en liberté sous surveillance de la police générale.
" Il était aussi dévoué à l'Empereur que possible. La clémence de Louis Napoléon l'a transformé."
Dans une lettre datée du 3 septembre et adressée à monsieur BONARDON de Crest, il relate sa visite chez le Préfet et chez le recteur afin d'être réintégré comme instituteur. Il dit combien lui pèse les mesures de surveillance dont il fait l'objet. Il lui demande de le tirer d'affaire (il lui doit déjà sa grâce).
"... voilà monsieur BONARDON la douceur avec lequel je suis traité par monsieur le maire."
"... ses amis ont eu des torts aux éléctions mais s'en repentent, c'est de la faute à monsieur BARRET."
Le 18 octobre 1852, il accepte avec reconnaissance la grâce présidentielle.
Pierre André VINET ne sera pas réintégré comme instituteur.
Le vote des 21 et 22 novembre 1852 ne fait l'objet d'aucune mention sur le registre des délibérations du conseil municipal tout comme la période pourtant si trouble allant du 1er avril 1851 au 22 février 1852. Sur Eurre, celui-ci a donné les résultats suivant : votants 260 ; oui 252 ; non 7 ; bulletin blanc 1(peut-être celui de notre insurgé). (AD M47)
Plus tard, Robert SERRE écrit page 318 de son ouvrage déjà cité *:
" M. le Maire voulant donner plus de solennité à l'avènement de l'élu de la nation [annonça] qu'il y aurait un banquet à la mairie[...] tous les membres du conseil municipal s'y sont refusés parce que ces hommes avaient déjà organisé le leur avec toute la démagogie de la commune. Enfin, vers une heure après midi, M. le Maire, le garde champêtre et l'instituteur étaient réunis dans la salle de la mairie, assistés de tous les gens d'ordre de la commune au nombre de trente [...] chacun s'applaudissait de s'être réunis ainsi pour fêter l'élu de la nation, le sauveur de la France [...] La démagogie était toute réunie en banquet chez le sieur Arcullier [?] cabaretier, là étaient tous les membres du conseil municipal et autre tel que Vinet ex-instituteur, des étrangers de Vaunaveys, de la Rochette et d'Allex. Mr Duvaure adjoint ceint de son écharpe présidait ce banquet au nombre de cinquante..."
* Robert Serre, 1851 : Dix mille Drômois se révoltent, l’insurrection pour la République démocratique et sociale, 400 pages, éd. Peuple Libre / Notre Temps, novembre 2003.
Notes de l'auteur : Monsieur BONNARDON, avec deux N, Pierre Raymond est né à Vizille (38) le 11 février 1817, il est le fils de Antoine Basile BONNARDON, chirurgien de la Grande Armée puis docteur en médecine de Vizille, et de Marie Claire Joséphine DOU originaire de Tallard (05) et décédée le 20 octobre 1836 à Vizille. Il a un frère qui est Conseiller Général de l'Isère et une soeur. Alors qu'il est premier commis de la Direction de l'Enregistrement et des Domaines du département de la Drôme, il épouse le 19 novembre 1846 à Valence la fille du maire de cette ville, monsieur FERLAY Joseph Antoine, futur préfet de la Drôme. Son épouse Marie Eléonore Mélanie FERLAY est née le 28 avril 1827 à Valence dont la mère Marie Eléonore BADON décèdera à Valence le 9 mars 1874.
Pierre Raymond BONNARDON décèdera à Vienne en juin 1893 et sera inhumé à Valence.
Joseph Antoine FERLAY, préfet de la Drôme, né le 23 mai 1798 à Tersanne (26) décèdera à Valence le 9 mars 1884.
ref : acte de mariage du 19 novembre 1846 : Archives numérisées de la Drôme et Généanet généalogies René Dreveton et Didier Beaume.
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Pierre André VINET
04/08/2010 19:31
Fiche de renseignements concernant l'insurgé Pierre André VINET. (AD M1354) . scan Jean Michel LEROUX -2010
Le Préfet de la Drôme, FERLAY, envoie aux maires, une demande de renseignements concernant les insurgés. Monsieur BARRET , le maire de Eurre inscrit, le 5 décembre 1852, sur la fiche de P.A.VINET
"...et laisse parler la haine contre les hommes d'ordre d'une manière regrettable... le sieur VINET bien loin de rendre plus facile mon administration comme il l'avait promis, a, si j'en juge par la nouvelle rupture entre les esprits qui semblaient tendre vers l'union, rien fait de moins que le contraire."
Dans le "Livre d'or des victimes du coup d'état de 1851 et de la loi de sureté générale de 1858" le relevé exact des registres de la commission mixte du département de la Drôme parut en 1883 il est dit de Pierre André VINET : Chef et organisateur très influent et très dangereux des sociétés secrètes - Dix ans d'Afrique.
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