Les seigneurs d’URRE et la religion
De l’an 1004 à 1927
Avec le développement du culte du Christ dans la Gaule, la vénération des martyrs de l’occupation romaine et, en 496, le baptême de CLOVIS avec trois mille de ses guerriers, la religion chrétienne s’impose sur l’ensemble du territoire.
La société carolingienne est essentiellement rurale et les villes restent peu peuplées. Au dessus de la masse des paysans, le clergé et la noblesse forment une aristocratie.
L’église joue dans la société un rôle de premier plan à cause de la force du sentiment religieux et de l’instruction que ses membres étaient à peu près seuls à posséder.
Devant leur impuissance à défendre efficacement les populations, les Rois développèrent le Vasselage. Les hommes se lient par un serment de fidélité à un chef de leur chois qui devient leur seigneur et dont ils sont les vassaux.
Les différentes invasions qui harcelèrent le pays et l’affaiblissement de la royauté par la baisse de son autorité et le morcellement du royaume permirent à de petits seigneurs de s’imposer par leur énergie et leur courage dans leur fief et de construire des éléments de défense comme des remparts et des châteaux forts.
L’ère féodale
Un chef de famille se démarqua dans le territoire du village d’URRE et vers l’an 1000 fit construire un château fort en pierres sur la colline où se trouvaient les ruines du magasin cellier de l’époque de l’installation dans la région des romains. Naturellement il devint le seigneur et prit l’appellation de seigneur d’URRE.
Rappelons que le village s’est appelé successivement : Horréum, Horéa, Urri ou Urro, Urre, Hurre, Heurre, EURRE.
On ne sait si l’un des seigneurs d’URRE est allé, avec d’autres, jusqu’à Jérusalem, en croisade. En effet, dans la salle des croisades du château de Versailles, il n’y figure aucune armoirie de cette famille.
Avec les maisons qui se construisent à l’intérieur des remparts pour être sous la protection du château et de son seigneur, une église est installée au pied de celui-ci. Elle est placée sous le vocable de Saint APOLLINAIRE, évêque de Valence de 490 à sa mort en 524.
Les seigneurs d’URRE ne relevaient de personne hormis la vassalité dû à l’évêque de Valence. C’est dans une lettre du 15 mars 1782 qu’un descendant des URRE confirme que de tout temps Eurre a été mis sous la protection du saint évêque, patron de l’évêché.
« Nous nous sommes mis sous la protection de l’église, nos titres anciens prouvent que nous n’avons jamais hommagé notre berceau à personne. »
L’importance du village fait que le 15 novembre1266, le seigneur et ses enfants donnent une charte des libertés à ses sujets. C’est dans l’église, espace suffisamment vaste pour contenir la foule, que le notaire énonce, à tous, ce document.
« Quant à nous, François et Albert son fils, du consentement et sur l’approbation de son père, nous faisons le serment sur les très saints Evangiles d’observer les clauses de cette charte, et s’il nous arrivait, à Dieu ne plaise, de les violer, qu’on nous refuse toute confiance.
En foi de quoi nous avons apposé nos sceaux à cette charte et nous avons ordonné d’y apposer ceux du seigneur Guillaume Béraud chevalier, d’Albert Cornillan, seigneur de la Baume (Cornillane), de Guillaume de Mirabel, prieur claustral d’Eurre, de Pierre des Près, chapelain d’Eurre, et de Simon de Pierrepont, notaire public, témoins spécialement appelés pour la confirmation de cet acte.
Passé à Eurre, dans l’église Saint Apollinaire, l’an et le jour ci-dessus.
† Moi Simon de Pierrepont, habitant de Valence, notaire public par autorité impériale, présent à toutes ces choses, j’en ai rédigé trois actes publics d’une même teneur, dont deux seront remis aux habitants d’Eurre et le troisième restera en la possession dudit seigneur François. »
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Etant vassal de l’évêque de Valence, son protecteur, la petite armée du seigneur d’URRE participe à la guerre dite « des Episcopaux » contre Aymar de POITIER et aux combats qui eurent lieux en 1347 sur le plateau de Montchaux entre Eurre et Crest. Une bulle du pape Clément VI mit fin à cette guerre qui durait depuis de nombreuses années.
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En 1349, les Dauphins du Viennois cèdent le Dauphiné à la couronne de France.
Le roi Charles VII exile dans cette nouvelle possession, son fils, quelque peu turbulent. Le futur roi Louis XI y découvre la liberté et se lie d’amitié avec les différents seigneurs du Dauphiné qui lui resteront fidèles une fois devenu roi. Le seigneur d’URRE en fait partie. Il sera fait « Chambellan » de Louis XI et se verra donner Le château de Pontaix.
La Renaissance
Les seigneurs d’URRE suivirent leur suzerain Charles VIII puis Louis XII en guerre en Italie. Grands capitaines ils y firent merveille et rapportèrent un petit trésor qui leurs permit de transformer leur château. C’est ainsi qu’en 1525 le donjon fut détruit pour laisser place à une belle façade bien lumineuse avec ses fenêtres à meneaux, une chapelle fut construite au rez de chaussée donnant sur la cour intérieure.
François 1ER de passage dans la région fit un détour par EURRE pour rencontrer son fidèle et hardi capitaine Germain d’Urre.
Les prises et reprises de la place d’Eurre par, tantôt les protestants, tantôt les catholiques ne firent que peu de dégâts sur la construction hormis un trou de boulet sur le mur au coin sud-est de la façade. A cette époque, la seigneurie d’Eurre était tenue par deux coseigneurs dont l’un était catholique et l’autre protestant. Conséquences de ces guerres de religion, les remparts du village et ceux du château furent abaissés ou détruits comme le prouvent les vestiges existant encore de nos jours sur le talus devant l’école.
La Révolution
Les différentes branches de la famille des URRE ayant essaimées, au fil du temps, dans plusieurs régions du pays, qui en Languedoc, qui en Lorraine, en Picardie, en Provence, s’alliant avec d’autres familles toutes aussi prestigieuses, finirent néanmoins par tomber «en quenouille» avec Marie d’Urre qui épousa en 1675 Claude Augustin de VESC.
La seigneurie d’Urre passa ainsi aux de VESC jusqu’à La Révolution de 1789 où le seigneur, Joseph Pierre Gabriel Claude Augustin de Vesc, s’étant enfuit à Genève, ses biens furent confisqués et, plus tard, vendus comme biens publics par la municipalité en place à la commune.
L’ère moderne
Le général Joseph François Jean Baptiste d’Urre de Mollans maire de Filain (02) de 1807 à sa mort le 10 juin 1818. (AD 02 Filain page 74-75 / 158).
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Le marquis d’Urre d’Aubais bienfaiteur de la Société Nationale de Sauvetage en Mer (SNSM), converti à l’Islam par amour. Dernier possesseur du nom d’URRE, mort à Paris en 1927.
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Jean Michel LEROUX à Eurre le 31 août 2023