Eglise St Apollinaire de la paroisse d'Eurre. Photo Jean Michel LEROUX.
EURRE paroisse saint APOLLINAIRE
« Nous nous sommes mis sous la protection de l’Eglise, nos titres anciens prouvent que nous n’avons jamais hommagé notre berceau à personne. »
C’est dans une lettre du 15 mars 1782 qu’un descendant de la famille des URRE, confirme que, de tout temps, Eurre a été mis sous la protection du saint évêque, patron de l’évêché.
Dés le 12ème siècle, les seigneurs d’Urre ont rendu hommage au Comte Evêque de Valence. Dès cette époque une église existait à l’intérieur des remparts du village et servait de chapelle pour le château.
En 1238, l’empereur du Saint Empire Romain Germanique, Frédéric II avait accordé Eurre aux évêques de Valence.
En 1253, le jour des nones (le 7) de septembre, dans un différent entre les deux coseigneurs GUINIS et GENTION d’URRE, où GUINIS prétendait que GENTION lui devait l’hommage, il fut établit par les chevaliers arbitres, que GENTION reconnaîtrait avoir fait hommage et fidélité à GUINIS, sauf la vassalité qu’il devait à l’église de Valence de qui la terre d’Eurre était mouvante, à la suite d’une mise sous la protection de saint APOLLINAIRE par les seigneurs de cette terre, glorieux de n’avoir jusque là relevé de personne.
En 1266, la charte des franchises donnée par François d’Urre à ses sujets, a été écrite dans l’église Saint Apollinaire de Eurre.
L’église actuelle, construite en 1612 comme l’indique la date gravée sur la pierre angulaire du linteau de la porte, a été rénovée de nombreuses fois. Son entrée de style provençal, présente deux demi-colonnes tronconiques supportant un fronton triangulaire.
En 1645, la sacristie d’Eurre est réunie au Prieuré. Les chapelles Saint Sauveur, Notre Dame et Saint Claude sont mentionnées pour mémoire car elles ne paient plus guère depuis 1567.
L’état actuel de l’extérieur de l’église provient de la rénovation de l’édifice par la municipalité en 2007. La toiture, elle, a été refaite quelques années plus tôt, en même temps que le balancier support de cloche.
A l’intérieur, l’entrée avec la tribune sur piliers et l’oculus qui nous montre un évêque dans son vitrail : saint Apollinaire. La corde qui coulisse dans son logement permet de faire sonner manuellement la grosse cloche.
L’aspect intérieur de l’église lui a été donné dans les années 1966/67, suite au concile de Vatican 2, sous l’impulsion du père ICARD alors enseignant au Collège St Louis de Crest et prêtre de la paroisse. Les paroissiens ont œuvré à la transformation, mais ayant enlevé les anciennes tommettes, ils ont découvert une multitude d’ossements qu’ils se sont empressés, par crainte d’une action de fouille par les services archéologiques et par ignorance, de rassembler et d’enterrer sous le nouveau baptistère à l’entrée de la nef.
Jusqu’en 1699, les enterrements se faisaient, soit dans l’église St Apollinaire, soit dans le cimetière du Prieuré St Pierre d’Eurre. De 1699 à 1751 dans le cimetière de l’église et après 1751 dans le cimetière de la paroisse. Le roi Louis XVI par son édit du 10 mars 1776, interdit d’enterrer les morts dans les églises ou trop près des habitations.
Dans le même esprit, un accès à une supposée crypte sous le cœur a été rebouché, empêchant toutes futures investigations. (Témoignage d’un enfant de cœur du moment). Mais, le sous sol du cœur et de la pièce derrière le rideau, est en fait une « borie » qui servait pour le café- épicerie qui se trouvait dans la grande rue et qui appartenait, au début du 20ème siècle, à la famille MOUNIER –GENCEL.
Tous les ornements intérieurs de l’époque ont été enlevés et ont disparu, soit cassés et mis à la décharge, soit mis à l’abri « motus et bouches cousues ».
Seule la plaque de marbre frontal de l’ancien autel a été retrouvée dans les caves de l’ancien presbytère et installée au fond du cœur. Les tableaux (sans leur cadre en bois doré) représentant le chemin de croix ont été retrouvés dans le grenier et réinstallés. Dans la pièce derrière le cœur, un confessionnal en bois massif a été conservé.
Les vitraux qui éclairent la nef, surtout dans la partie sud, sont du 17ème siècle, mais certains ont été remplacé à l’identique par le prêtre Guilhem entre 1850 et 1878 comme l’atteste l’inventaire des biens de l’église exécuté le 15 mars 1905 conformément aux lois de séparation de l’Eglise et de l’Etat.
Une Vierge d’assomption, en bois polychrome doré (mais bien vermoulue), a remplacé l’autel à Marie.
Le tableau du 17ème siècle, en très mauvais état, installé dans le cœur, représentant Jésus en croix avec Marie la mère de Jésus, Marie Madeleine la Magdaléenne et Saint Jean l’évangéliste se trouvait auparavant, coincé dans des encoches prévues pour le maintenir, dans la pièce derrière le cœur, qui semble être, la partie de l’ancienne église réservée à la famille seigneuriale.
La porte et l’escalier ont été réhabilités et rendus plus fonctionnel avec une rambarde en fer forgé.
La petite fenêtre, coté sud, a été murée courant la première moitié du 20ème siècle afin de satisfaire le mécontentement à la fois des clients du café qui se trouvait derrière pour ne plus entendre les chants des offices et à la fois par les paroissiens en réunion dans cette partie de l’église pour ne plus entendre leurs propos choquants.
La sacristie actuelle est une pièce qui a été rajoutée dans la deuxième moitié du 20ème siècle par achat et découpe d’un immeuble de la Grand’rue. On y trouve tous les instruments nécessaires aux offices et un objet digne d’attention particulière : un fer à hosties (voir photo).On trouve également deux reliquaires assez anciens l’un contenant un morceau d’os de Ste Jeanne de Chantal, l’autre un fragment de la vraie croix.
De 1664, année où commencent les premières pages du registre des baptêmes mariages et sépultures, à nos jours, on trouve la marque du passage de 32 prêtres, curés de la paroisse.
Le 20 janvier 1685 a lieu, à la demande des paroissiens et du prêtre AMORIC et sous l’autorisation de l’évêque et comte Daniel de COSNAC l’installation de l’archiconfrérie du Saint Sacrement de l’autel (confrérie de pénitents blancs). Confrérie qui fut confirmée et renouvelée lors de la semaine de mission de 1747 par l’évêque de Valence Alexandre MILON. Renouvellement également en 1846 par l’évêque Pierre CHATROUSSE et entrées régulières de pénitents de 1864 à 1881. C’est à l’approche du 20ème siècle que celle-ci fut abandonnée.
L’église avec sa tribune, offrant un espace suffisant, servait de salle de réunion pour les différentes assemblées des personnes les plus aisées qui dirigeaient la commune et c’est dans l’église que fut élu le premier maire en 1793. C’est également dans son enceinte que les maires et adjoints prêtaient serments après leurs élections.
Entre le presbytère et l’église, une placette qui n’existe que depuis 1857, date à laquelle la municipalité fit abattre une maison. Devant la porte de l’église, il y avait une écurie avec toutes les nuisances (odeur, bruit). Cette démolition permit la construction du clocher actuel car, auparavant, le campanile et les cloches reposaient sur un bâti en bois. Au dessus du clocher repose un campanile en fer forgé, support de trois cloches plus petites, lui-même terminé par une croix dont la pointe en forme de fleur à quatre pétales est surmonté d’une bannière ou drapeau.
Il manque une cloche ! En effet, celle-ci a été emmenée à Valence en 1793 par Augustin du Vaure, alors fabricien de la paroisse mais aussi conseiller municipal. « La Patrie est en danger », il faut confectionner des armes avec des métaux fondus, que chacun doit apporter pour contribuer à l’effort de guerre. La commune étant très pauvre, c’est donc la plus petite, pesant 5 livres soit 2.5 kg, qui a été apporté en prétextant qu’elle était la seule richesse de la commune. (Archives départementales de Valence, série ).
En face de l'église se trouve l'ancien bâtiment de la cure Depuis la Révolution de 1789, il servait de presbytère. Il a été vendu il y quelques années, suite aux réformes du diocèse et au redécoupage des paroisses. Linteau de porte très abimé.
Dans le clocher, une grosse cloche sur laquelle est gravé un texte et deux ornements religieux, un crucifie et une madone. Cette grosse cloche, fabriquée en 1671 a été refondue en 1845.
X PATER NOSTER QUI ES IN COELIS SANCTIFICATUR NOMEN TUUM ADVENIAT REGINUM TUUM ETC SED LIBERA
X NOS A MALO AMEN. DE JESUS CHRISTI L'AN 1671 FUT FONDU SOUS LE NOM DE NOBLE GABRIEL ET DE Ste
X MARIE D'EURRE. CETTE CLOCHE REFONDUE EN MARS 1845. GREGOIRE VI PAPE. PIERRE CHATROUSSE EVEQUE DE
X VALENCE. JEAN ANDRE ROUX CURE D'EURRE. PIERRE AUGUSTAIN DUVAURE PARRAIN ET Dle VICTOIRE DUVAURE MARRAINE
X J Pre BARRACAT. AIME MOREL. Pre ANDRE VINET ET JOSEPH VIGIER FABRICIENS. IMBERT CLERE SONNEUR. LOUIS PHILIPPE
X ROI DES FRANÇAIS.
Noble Gabriel ; il s’agit de Gabriel d’Urre de Brette, seigneur de Saint-Romain et le seigneur du lieu d’Eurre, chevalier en 1676 de l’Ordre de Saint Jean de Jérusalem (ordre de Malte).
Marie d’Eurre : Sœur de Gabriel et fille de Jean d’Urre de Brette, elle va se marier avec Augustin de Vesc et faire passer ainsi la seigneurie d’Eurre à la famille de Vesc.
Pierre Augustin DUVAURE et Victoire DUVAURE sont frère et sœur. Lui est Conseiller municipal et fabricien et elle, elle est rentière et donatrice aux bonnes œuvres.
Sous le vocable de Saint Apollinaire, patron du diocèse
La Gaule était alors la proie des invasions. Les Huns, les Alains, les Goths, les Wisigoths, les Burgondes, les Francs voulaient la dominer. Choisi par les évêques de la province de Vienne pour devenir évêque de Valence, il affronta les Burgondes alors ariens et rétablit la foi catholique dans son diocèse, à l'époque où saint Rémi convertissait les Francs.
Apollinaire est né vers 453 et probablement à Vienne dont son père, le sénateur Hésychius, devait devenir l’évêque après la mort de saint Mamert et aura pour successeur son fils cadet Avit.
La famille était originaire d’Auvergne et apparentée à saint Sidoine Apollinaire, évêque de Clermont.
Evêque de Valence, avant 492, Apollinaire participe au concile d’Epaone en 517 et peu après à celui de Lyon.
Certaines décisions prises alors indisposèrent le roi Sigismond.
Apollinaire aurait été exilé quelque temps. C’est lui qui obtint de son frère Avit la publication de ses poèmes ; l’un d’eux, écrit pour leur sœur Fustine, célèbre la beauté de la virginité.
Saint Apollinaire eut à défendre l’authentique foi de l’Eglise en la parfaite divinité du Christ alors que des séquelles de l’arianisme troublaient les esprits.
Le temps ne devait pas entamer sa réputation de sainteté.
Au XIème siècle, son corps fut transporté dans la nouvelle cathédrale qui finit par porter son nom, bien qu’il n’en soit pas le titulaire.
Ses reliques ont été dispersées par les calvinistes en 1562-1567.
Saint Apollinaire a été reconnu comme le patron du nouveau diocèse de Valence constitué après la Révolution.