Commémoration du 6 juin 1944 à Eurre
Chaque année, la municipalité convie ses administrés à commémorer l’assassinat par les allemands du Reich de trois enfants de la commune le 6 juin 1944. Les anciens combattants de la FNACA de Eurre répondent présents ainsi qu’une population restreinte qui, autour de leur maire et Conseiller départemental Jean SERRET, déposent une gerbe au pied du monument commémoratif et observent une minute de silence en mémoire de ces trois victimes civiles. Mais que s’est-il passer ?
Alors qu’en Normandie, les Alliés entament une journée épique en débarquant sur les plages Françaises, les résistants du Crestois distribuent les armes et les munitions pour assurer la défense de la ville de Crest. Vers la mi-matinée une troupe allemande arrive et le combat s’engage.
Les coups de feu retentissent dans la vallée et portent la nouvelle de village en village.
La journée a été dense dans cette campagne laborieuse eurroise et trois camarades sont réunis à la ferme VALETTE, du domaine du Courrier et discutent des évènements tant lointains que locaux. Il y a là Maurice BONNARD, 40 ans, directeur de brasserie dans le 8ème arrondissement de Paris, Martial VALETTE, 24 ans employé des Chemin de fer en poste au Teil (07) et Aimé CHIRON, 22 ans, agriculteur. Tous trois décident de se rendre à la ferme de la famille CHIRON qui se trouve de l’autre côté de la départementale 93, sur la route d’Allex.
Inexorablement, le destin les attend. Il est presque 18 heures, les combats sur Crest ont cessé mais une colonne Allemande venant d’Allex se dirige vers Crest. L’estafette en moto qui ouvre la route, soudain, voit surgir trois hommes qui courent à travers champs en longeant le ruisseau. La surprise lui fait faire un écart et il culbute dans le fossé avec son engin.
Derrière, le gros de la troupe n’a vu que l’éclaireur tomber et, par méprise, pensant qu’il a été touché par un tir et voyant les trois hommes courir, les allemands ouvrent le feu et tuent ces trois malheureux Eurrois.
Récit de ces évènements recueilli en 1994 auprès de HERAUD Marius, 27 ans en 1944, témoin visuel à l’époque.
Une variante qui coure dans des mémoires hermétiques voudrait qu’il y ait eu effectivement un tireur embusqué le long du ruisseau. Mais… motus et bouche cousue… Nous n’en saurons pas plus… Peut être dans cinquante ans.
Jean Michel LEROUX