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d'Urre et ... d'Eurre
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d'Urre et ... d'Eurre

VIP-Blog de atouteurre
leroux-bred-jm@orange.fr

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  • Créé le : 09/04/2010 09:14
    Modifié : 16/05/2025 17:26

    Garçon (75 ans)
    Origine : 26400 Eurre
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    Nos poilus morts en 1915

    13/11/2017 13:17

    Nos poilus morts en 1915


    FERMOND Joseph Louis : photo sur céramique monument aux morts de Eurre. Photo de Jean Michel LEROUX, 29 mars 2007.

     

    11 novembre 2015

    Depuis le début des hostilités, il y a déjà  5 mois, les mobilisés, partis la fleur au fusil, ont vite déchantés et, alors que tous espéraient être de retour pour la Noël, ils voient leurs illusions s’évanouir. Au gré des attaques et des contre-attaques, du terrain gagné âprement très vite reperdu, la guerre s’enlise dans une guerre de position, une guerre de tranchées. Eurre pleure déjà 6 de ses enfants et la liste des morts pour la France  va s’allongée, après quelques mois de répit, en cette année 1915.

     

    LASSAGNE Auguste Marius n’a pas 20 ans quand ce chasseur de deuxième classe du 114ème  Bataillon de Chasseurs Alpins  disparait le 22 juillet 1915.

    Né à Eurre  le 8 décembre 1895, fils d’André Auguste LASSAGNE et de Marie Sophie GABRIEL, il est incorporé le 1er décembre 1914 au 30ème Bataillon de Chasseur de  Grenoble. On doit supposer que la jeune  recrue a apprit  le maniement des armes et les rudiments militaires selon les directives du moment et que cela a duré 3 mois et demi puis il a rejoint sa nouvelle affectation.

    Le 15 mars 1915, Auguste LASSAGNE est muté au 114ème Bataillon de Chasseurs à Pieds qui vient d’être formé à Pérouges. S’ensuit un complément de formation, au vue de l’organisation du régiment en cours.

    Le 13 avril le 114ème Bataillon de Chasseurs à pieds s’embarque pour Gray et le 8 mai il se trouve au camp de Corcieux (50 kms à l’est d’Epinal).

    Le 21 juillet 1915, il reçoit l’ordre d’attaquer le Barrenkopf.

    Le Bataillon passe la nuit en deuxième ligne, couché derrière les autres Bataillons d’attaques. A minuit et demi l’ordre d’attaque est donné et à 1 h 30 il gagne sa tranchée de départ. Après 6 h  de préparation d’artillerie, la première vague s’élance en avant.

    Mais l’ennemi veille. Les 2 compagnies de première ligne, prisent à partie par les tirailleurs embusqués sur leur front et leurs flancs, en butte au feu des mitrailleuses du Klein-Kopf, couvertes d’obus explosifs, malgré de lourdes pertes gagnent rapidement les objectifs assignés.

    Les compagnies de 2ème ligne ont suivi et les chasseurs commencent à organiser la position, mais, réduits de moitié, ayant perdu presque tous les officiers et sous-officiers, ils ne peuvent se maintenir qu’aux prix d’efforts surhumains.

    Les mitrailleuses ennemies déciment les survivants, retardés par des difficultés de toute nature ; les compagnies de renfort n’ont pu déboucher rapidement des boyaux. D’un élan admirable, elles se précipitent enfin sur les tranchées ennemies mais quelques hommes, seuls, y parviennent. Le reste a été fauché par les mitrailleuses. Le feu de l’artillerie allemande augmente de plus en plus, devient effroyable.

    Ayant conquis tous les objectifs assignés et dans l’impossibilité absolue de s’y maintenir, le Bataillon va être obligé, pour éviter l’anéantissement, de se replier sur les positions de départ.

    Le chef de Bataillon a été tué, un capitaine a pris le commandement  et, manquant de munitions et de grenades, d’eau pour ses blessés et voulant à tout prix les sauver du couteau des allemands, il se résout à rentrer dans les tranchées du départ, n’abandonnant aucun homme à l’ennemi.

    13 officiers, 442 sous-officiers et chasseurs ont donné leur vie ou ont versé leur sang. Pour sa première bataille le 114ème Bataillon de Chasseurs à Pieds n’a pas démérité de ses anciens.

    LASSAGNE  Auguste Marius a été déclaré « disparu » à l’issue de cet engagement ; il ne figure donc pas sur la liste des tombés au champ d’honneur qui complète le livre d’or du Bataillon (1920). Mais, un jugement du tribunal Civil de Die en date du 12 avril 1921, ordonne que la date du décès d’Auguste Marius soit le 22 juillet 1915 et soit portée sur les registre d’état civil de la commune de Eurre et que la mention « mort pour la France » soit également inscrite. Jugement confirmé par le ministère de la guerre le 1er juin 1921.

     

    Sur la même ligne de front et à quelques jours d’intervalle, GASQUET Adrien Emmanuel  trouve la mort le 4 aout 1915.

    Né à Montoison le 29 janvier 1876, de François Xavier et de BIROUSTE Anne Hortense, ce domestique agricole chez la ferme LASSAGNE en 1896, se marie en 1901 à Eurre avec Clémence SIBEUD et s’installe comme cultivateur au quartier Mangache. Une fille née en 1903 et un fils né en1905 viennent illuminer ce jeune couple.

    Adrien avait été ajourné en 1897 et 1898 à cause de sa petite taille (1.52 m) et en 1899 il est versé dans les Services Auxiliaires et sera affecté dans la réserve  à la Section d’infirmiers de l’hôpital militaire de Briançon.

    La Commission de Réforme de Montélimar du 9 novembre 1914 le rend apte pour le service actif du fait de la mobilisation générale et il rejoint le 111ème Régiment Territorial d’Infanterie,  basé à Montélimar,  le 15 décembre 1914.

    Après sa formation de base, Adrien est affecté au 14me Bataillon de Chasseurs de Grenoble le 6 mars 1915 et rejoint le 54ème Bataillon de Chasseurs Alpins dit « Bataillon d’élite » qui est le bataillon de réserve du 14ème BCA.

    Ceux-ci sont dans les Vosges, dans le secteur de la Tête de Faux, col du Bonhomme, mais là, toute grande opération de guerre est impossible à cause du froid rigoureux et de la neige qui tombe en abondance. Dans des conditions ingrates, les chasseurs deviennent des travailleurs acharnés et établissent des tranchées et des abris, ainsi que des défenses accessoires. Chaque nuit, des patrouilles sortent pour éventer les projets ennemis.

    Juillet 1915, les durs combats pour conquérir le massif du Linge commencent.

    Le sort du 54ème est lié à celui du 14ème Bataillon de Chasseurs et ils attaquent le Linge et le nord du Shratz.

    L’offensive prévue le 8 juillet a été reportée au 12 puis au 18 et enfin au 20 juillet. A 14 h, précédé par une préparation d’artillerie, la 129me Division d’Infanterie attaque. Seul quelques éléments parviennent jusqu’au « Collet du Linge », la moitié des effectifs a été tué.

    Ces échecs vont transformer la grande offensive prévue sur un front de 12 kms en une série d’attaques sur trois objectifs d’un front réduit à 2 kms :

    Le collet du Linge

    Les carrières du Schratz

    Le Barrenkopf

    Le 22 juillet 1915 une nouvelle offensive est entreprise.

    LE 14 BCA sort de sa tranchée à 18 h et se rend maître du Collet du Linge au prix de lourdes pertes.

    Les terrains conquis n’évoluent pas jusqu’au 1er aout malgré les nombreuses contre-attaques Allemandes et les bombardements intenses.

    Le 1er aout 1915 à 19 h 30 l’offensive reprend et à 21 h 30 les tranchées allemandes sont conquises. Le 2 aout toutes tentatives de conquête du fortin au sommet du Schartz échouent.

    Le 3 aout de 10 h 30 à 16 h les lignes Françaises sont écrasées par l’artillerie allemande qui provoque de très nombreuses pertes. A 16 H 30 les allemands contre attaquent et reprennent leurs positions du Collet et de la crête du Linge. Les français reprendront le Collet du Linge dans la soirée.

    Le 4 aout, jour de la mort de GASQUET Adrien Emmanuel, les canons allemands expédient sur les 3 kms du front, du Linge au Barrenkopf, 40 000 obus.

    Les bombardements, les attaques et les contre attaques se poursuivront jusqu’au 8 aout. Aucun des  deux adversaires ne parvient à maintenir ses positions.

    Son nom figure page 27 du livre d’or du 54ème Bataillon de Chasseurs Alpins.

    Il repose parmi ses compagnons d’infortune dans un des deux ossuaires du cimetière du Linge , en Alsace.

     

    Dans « le Crestois » du 25 septembre 1915, un article sous le titre « Mort pour la Patrie »

    « Le 14 septembre un service solennel a été célébré pour notre regretté ami Adrien GASQUET, tombé au champ d’honneur le 4 aout 1915, frappé par un éclat d’obus.

    Des drapeaux tricolores ornaient le chœur et le bas de l’église et, à la place occupée habituellement par le défunt, l’emblème national garni de crêpe signalait son absence.

    On se souviendra que c’est grâce à son dévouement qu’un prêtre fut accordé, il y a 8 ans, à la paroisse de Eurre qui en resta privé pendant plus d’un an.

    A l’église, Adrien faisait parti de la chorale et bien que peu fortuné, il se faisait un devoir d’aider les plus nécessiteux.

    Deux jours avant sa mort, monsieur le curé recevait la dernière lettre du défunt lui disant qu’il était prêt à toute épreuve et lui recommandant sa famille et ses enfants. »

    Camille son fils continuera l’exploitation familiale.

     

    Un mois plus tard, le sergent ANDRE Paul Louis, trouva une mort héroïque sur le champ de bataille  de La Harazée en Argonne entre Sainte Menehould et Varennes.

    Cet eurrois de souche avait repris le commerce familiale de cafetier épicerie dans la Grand’rue.

    De la classe 1900, il avait effectué son service militaire pendant  3 ans  et, comme caporal avait rejoint ses foyers avec le certificat de bonne conduite en septembre 1904.

    Le 19 janvier 1907, il se marie avec une grânoise Eugénie Emma Ernestine GIRARD dont il aura un fils Louis Noël né fin 1907 puis une fille Renée Paule née en 1912.

    Dans la réserve, il devient sergent le 19 janvier 1911.

    Mobilisé en août 1914, il rejoint son corps le 12 du même mois. Le 140ème Régiment d’Infanterie est en garnison à Grenoble Côte Saint-André. La guerre va le porter d’abord dans les Vosges avec ses durs combats, puis en Lorraine et enfin dans la Somme où de septembre 1914 au 2 février 1915   Paul Louis  va connaitre les mêmes difficultés que ses concitoyens PERMINGEAT, FAURE, BUFFIERE et MISERY cités l’année dernière.

    Le 3 février il est muté au 17ème Régiment d’Infanterie, en Artois, dans la région de Souchez à Neuville St Vaast près d’Arras, le secteur de la crête de Vimy et de ND de Lorette si durement éprouvé.

    Le 22 mars 1915 le caporal chef ANDRE Paul est de nouveau muté. Il passe au 7ème Régiment d’Infanterie et il sera nommé  sergent le lendemain.

    Le 23 mars, le  7ème R.I. qui se trouvait dans le secteur de Mesnil les Hurlus en champagne, est relevé définitivement et envoyé au repos à Bussy le Château en attendant une nouvelle destination.

    Après un mois passé à l’arrière des cantonnements au sud de Verdun, puis dans la Somme, le régiment est désigné pour prendre part à l’offensive d’Artois.

    Le  30 avril il cantonne dans les faubourgs d’Arras et le lendemain il monte en première ligne dans le secteur de Roclincourt.

    Les attaques successives sur un glacis de 300 m se soldent par de lourdes pertes causées par les mitrailleuses allemandes.

    Le 22 mai le 7ème R.I. est relevé et reçoit un renfort de 450 hommes. Puis jusqu’au 3 juillet, il restera dans les faubourgs d’Arras, sans activité de combat.

    Au repos à 40 kms en arrière du front, dans la région d’Amiens, le 30 juillet,  il est transporté par voie ferrées en Argonne.

    « L’Argonne ! Il pleut, les boyaux et les tranchées sont transformées en ruisseaux de boue dans lesquels on s’enfonce jusqu’à la cheville et même souvent davantage. Nos abris sont de véritable aquarium avec 40 à 50 cm d’eau.

    Les moyens utilisés sont la mine, la torpille, le couteau, les liquides enflammés et les gaz asphyxiants. On est sur ni de la solidité du sol ni de la pureté de l’air que l’on respire. L’esprit est tendu à craquer.

    Il faut être doué d’un courage extraordinaire pour tenir dans ces conditions. » Peut-on lire dans les pages du carnet de marche du 7ème R.I.

    Le 12 août la bataille reprend dans des conditions apocalyptiques. Les pertes sont importantes mais le régiment n’a pas cédé un pouce de terrain.

    Les 14 et 15 août, reprise des combats dans les mêmes  conditions. Chaque fois les attaques sont arrêtées et les cadavres Allemands servent de parapet à nos tranchées.

    Deux jours de repos puis c’est l’alternance d’occupation de la ligne avec le 14ème R.I.

    Le 8 septembre 1915 : Alerte ! L’ennemi attaque et force le 14ème  R.I. qui subit de lourdes pertes et abandonne le terrain.

    Le 3ème Bataillon du 7ème R.I. arrive le premier sur les lieux, contre-attaque et parvient à refouler l’assaillant sur une certaine profondeur. Les 2 autres Bataillons sont engagés peu après et rétablissent en partie la ligne de front par une charge à la baïonnette.

    Ce fut la dernière offensive ennemi en Argonne.

    C’est dans ces dernières contre attaques que le sergent ANDRE Paul Louis, âgé de 35 ans, trouve une mort héroïque à la tête de son groupe qui lui valut la citation posthume suivante :

    Citation à l’ordre du régiment du 29 juillet 1919 et l’attribution à titre posthume de la médaille militaire du 4 août 1919

    « Très bon sous-officier, a trouvé une mort glorieuse en s’élançant à la contre attaque le 8 septembre 1915 au secteur de la Harazée en Argonne ».

    Dans une liasse de coupures de journaux de l’époque que m’a transmis monsieur Roger BENISTANT que je remercie  encore, sous le titre « Obsèques d’un brave à Eurre » on y apprend que le corps ramené du front du Sergent ANDRE Paul, croix de guerre, médaille militaire, est inhumé dans le caveau familial du cimetière communal, le dimanche 9 avril 1922.

    Son épouse et ses enfants ont continué d’exercer dans la  Grand’rue et se sont tourné vers l’hôtellerie. Ils ont pris une part importante dans les différentes actions entreprises par les anciens combattants et la municipalité pour l’édification du présent  monument aux morts.

     

    MOURIER Ernest Pierre, cultivateur dans notre commune est né le 14 octobre 1893 de Louis Ernest et de Julie TERRAS. De la classe 1913, il est incorporé le 15 décembre 1914 au 157ème Régiment d’infanterie de  Gap  où les rudiments  militaires lui sont inculqués. Le 30 mai il rejoint le 158ème Régiment d’Infanterie  qui se trouve à Bruyères, Fraize, Corcieux, au pied des Vosges, mais le 8 juin il fait partie des 150 hommes envoyés en renfort au 149ème Régiment d’Infanterie d’Epinal qui est actuellement dans le Pas de Calais et plus précisément entre Lens et Arras.

     Le secteur est, en ce moment, calme et le travail se fait très actif pour le perfectionnement des tranchées et des abris.

    Les exercices d’entraînements au lancer de grenades se succèdent et la musique du régiment joue même sur la place de Sains en Gohelles le 13 juin soir.

    Le 15, le 149ème quitte la fosse 10 à minuit. Ce sera des combats jusqu’au 22 où il comptera beaucoup de pertes puis jusqu’au 26  où viendra s’ajouter 53 tués 353 blessés et 56 disparus.

    Du 27au 30 juin  le temps sera pris pour la propreté, les revues, ainsi qu’un défilé.

    L’alternance de combats et de repos se poursuivra jusqu’au 23 septembre 1915 et toujours dans le même secteur entre Lens et Arras, le long de la cote de Aix-Noulette, ND de Lorette et Vimy.

    Au sein de la 85ème Brigade et de la 43ème Division d’Infanterie, le 149ème Régiment d’Infanterie va prendre part à la troisième bataille d’Artois. L’offensive du 25 septembre va durer 5 longues journées sous la pluie. Les journaux de marches et d’opérations couvrant cette période font défaut, mais MOURIER Ernest Pierre est porté disparu depuis  ce jour et c’est le tribunal de Die qui doit statuer, en sa séance du 12 avril 1921 pour confirmer qu’il est bien  « mort pour la France »  le 25 septembre 1915 à Aix-Noulette, sur les flancs de la colline de ND de Lorette.

     

    FERMOND Joseph Louis  est né le 24 septembre 1889 à Combovin, d’Antoine et d’Emilie LANTHEAUME.

    Alors qu’il est employé comme garçon meunier chez MAGNON à Eurre, Il est incorporé au 3ème Régiment de Zouaves de Sathonay, près de Lyon, le 1er octobre 1910, pour accomplir ses trois années de service militaire.

     A peine revenu dans ses foyers, la mobilisation générale l’oblige à quitter son emploi de domestique de ferme à Chabrillan et  à rejoindre son régiment pour le 4 août 1914. Les Bataillons qui se trouvaient au Maroc et en Algérie ont rejoint Sathonay pour la même date et voici le 3ème Régiment de Zouaves en route pour la Belgique.

    Les 23 et 24 août, il supporte sans broncher le choc des meilleures troupes de la garde allemande. Mais c’est déjà la retraite de Charleroi et le 3ème Zouaves ne quitte le terrain qu’à la dernière extrémité, après avoir perdu 17 officiers et 836 zouaves tués, blessés ou disparus.

    Puis ce fut la bataille de la Marne et du Soissonnais. Tout allait pour le mieux dans sa marche en avant quand, le 19 septembre, vers Tracy le Val, les Allemands tentent de surprendre le Régiment. Après un combat opiniâtre, l’attaque est repoussée. Au petit matin, le 3ème Zouaves ramène le drapeau du 85ème régiment d’infanterie Allemande. Ce qui vaut au régiment une citation à l’ordre de l’Armée.

    Commence alors la pénible et non sans péril guerre des tranchées où l’ennemi n’est qu’à quelques mètres.

    Le 6 juin 1915 c’est l’attaque de Quennevières (près de Compiègne dans l’Oise). Après une préparation d’artillerie intense, les Zouaves s’élancent à la baïonnette, franchissent les tranchées allemandes et dépassent l’objectif assigné. Ce qui vaut au bataillon une nouvelle citation à l’ordre de l’Armée.

    Malgré les bombardements continuels, les pertes quotidiennes et la dysenterie, le régiment maintient sa conquête jusqu'à sa relève.

    Le 10 août  le régiment est réuni en champagne dans la région de St Hilaire au Temple.

    Le 25 septembre 1915, après une préparation d’artillerie de 72 h, le 3ème Zouaves, en première ligne, s’élance en avant. Très vite les mitrailleuses allemandes font un carnage dans les soldats qui avancent tel un rouleau compresseur. Le chef de corps, la garde au drapeau et de nombreux officiers sont tués. Un cri retenti « le drapeau en avant » et d’un seul élan le drapeau est relevé et entraine les hommes vers l’ennemi. Vingt fois le porte drapeau est abattu, vingt fois une main le redresse. Une force irrésistible pousse ces hommes au dernier sacrifice. Bientôt tous les zouaves sont tués ou blessés. Le drapeau est tombé et l’ennemi peut s’en emparer. Mais un simple tirailleur s’en saisi et le porte au Général commandant la Brigade qui arrive à la rescousse.

    En fin de journée les points acquis étaient tenus. Il ne restait plus sur les rangs du 3ème Zouaves que 7 officiers et 350 combattants valides.

    C’est au cours des combats de cette journée qui valut au régiment une nouvelle citation à l’ordre de la IV Armée, que FERMOND Joseph Louis disparu en même temps que les 40 officiers et les 1800 hommes qui trouvèrent une mort héroïque ce jour là.

    Sa disparition est constatée le 28 septembre.

    Dans le jugement du tribunal de Die du 29 mai 1918, retranscrit par le maire de Chabrillan sur le registre d’état civil le 15 juin 1918 il est fait cette remarque : d’après la plaque d’identité et les effets dont il était porteur ; vue que le corps (3ème Zouaves) n’a reçu aucune nouvelle et qu’il ne figure sur aucune liste de prisonniers en Allemagne ; que les objets lui ayant appartenus ont été remis à la famille qui n’a soulevé aucune objection de manière à faire naître quelques doutes sur l’identité de leur détenteur et que l’ensemble de ces faits établit de façon certaine la réalité du décès, déclare FERMOND Joseph Louis « Mort pour la France »  le 25 septembre 1915.

    Son corps repose dans la tombe individuelle n° 567 du cimetière Nationale de Jonchery sur Suippe, en champagne. Son nom est également gravé sur le monument aux morts de Chabrillan.

     

    Deux jours plus tard et à quelques dizaines de kilomètres de là, BRAVAIS Edouard Alfred, âgé de 37 ans, était porté disparu, dans les assauts à Sommepy-Tahure en champagne.

    Cet ardéchois, né à St Romain de Lerps le 11 juin 1878, s’était marié avec une Eurroise, Marie Madeleine Flavie LAGIER, le 11 octobre 1902. Cordonnier de métier il figure sur le recensement de 1906 de la commune de Mauves en Ardèche  puis  le couple  vient habiter en 1910 le quartier Maupas, à la ferme BRIANCON, ex ferme LAGIER, où Flavie aura un emploi de domestique.

    A la mobilisation, le soldat BRAVAIS rejoindra le 52ème Régiment d’Infanterie de Montélimar.

    Le 28 août 1914, il fera partie certainement, des 200 hommes de renfort arrivant du dépôt (Montélimar)  pour remplacer les pertes déjà subit depuis les premiers affrontements au Col du Bonhomme du 13 août dernier.

    Les combats dans les Vosges sont meurtriers et  c’est 800 hommes de renfort qui sont nécessaires pour reconstituer le 3ème Bataillon du Régiment le 21 septembre à St Just en Chaussée.

    Le 24 septembre 1914 le régiment est transporté dans la Somme, dans la région de Rosières en Santerre.

    Pendant 11 mois il va vivre dans la boue des champs du SANTERRE entre Naucourt, Lihons et Chaulnes, au rythme  des attaques, des contre-attaques, des bombardements et de la pluie battante omni présente tout au long des saisons.

    Le 12 août 1915, le régiment débarque dans la Marne à St HILAIRE LE GRAND.

    Quelques semaines plus tard c’est l’offensive du 25 septembre.

    « Le régiment occupe un front de 180 m avec 2 Bataillons en première ligne. Alors que la préparation d’artillerie dure depuis 3 jours, à 9 h 15 sur toute la ligne, les clairons sonnent la charge, la musique du régiment qui se trouve en arrière, joue « la Marseillaise » et le régiment, d’un seul bloc débouche en trombe, drapeau déployé, dans les lignes ennemis. »

    Lit- on dans le journal de marche du 52ème RI.

    Les premières lignes allemandes, absolument bouleversées par nos bombardements sont franchis sans encombre. La deuxième ligne est également conquise mais arrivé à la tranchée de la Butte de Souain, les fantassins allemands, avec leurs mitrailleuses, fusillent nos hommes.

    Le régiment reçoit l’ordre d’arrêter et de tenir les terrains conquis. Alors que celui-ci a avancé de 4 kms en moins de 2 heures, le bilan est très lourd avec 4 Officiers tués, 15 Off blessés ou disparus

    «  En ce qui concerne la troupe (S/OFF et H DR) étant donné le mélange des diverses unités, il est impossible d’établir l’état exact des pertes »

    Le 26 l’attaque reprend mais l’ennemi s’est ressaisi. Malgré les assauts successifs, vers le milieu de la journée la progression est stoppée car les réseaux de fil de fer barbelé sont  intacts. Le corps a encore 7 Officiers blessés.

    Le 27, avec les unités mélangées sur le front de la Division, il est formé plusieurs groupements.

    L’heure de l’attaque est fixée à 14 h  mais il est rendu-compte que les fils de fer ennemis sont encore intacts. L’attaque est repoussée à 16 h, espérant que l’artillerie fera le nécessaire. Un violent tir d’artillerie ennemi gène le départ du 1er Bataillon et nous fait subir d’énorme pertes et oblige les 3 Bataillons à s’arrêter à hauteur des fils de fer de défense qui sont toujours intacts et à faire marche arrière. A  17 h 30 un obus tombe sur le PC du Colonel. Le bilan de ces 3 journées de combat est de 85 tués, 569 blessés et 203 disparus.

    C’est dans cette action d’attaque manquée que le soldat BRAVAIS Edouard Alfred trouve la mort et sera compté disparu jusqu’au jugement du tribunal de Die du 4 janvier 1921 qui le déclare « Mort pour la France » le 27 septembre 1915 à Tahures.

    Sa dépouille repose dans le caveau familial du cimetière de notre commune. En état d’abandon, celui-ci a été récupéré pour servir de « Carré militaire » avec l’aide du Souvenir Français.

     

    CHARRIER Louis François est né le 19 mars 1890 à Eurre au quartier des Calendres où ses parents François Etienne et Marie Philomène CHAZEL tiennent une ferme. En 1906 ils résident à Passerouet. En octobre 1911 il part à Sathonay près de Lyon pour accomplir son service militaire au 4ème régiment de Zouaves et il sert au Maroc de fin 1912 à sa libération en novembre 1913.

    Au moment de la mobilisation, il est garçon bouché  à Montélimar et il rejoint son corps dès le 3 août 1914. Affecté  au 1er Régiment mixte de Zouaves, il va participer aux opérations  de cette unité d’élite.

    Tout comme son « pays » FERMOND  Joseph, il va connaitre la campagne de Belgique, celles de l’Artois, de la Lorraine et de  la Champagne.

    En Belgique, jusqu’au 6 juin 1915, le 1er mixte va d’abord à la rencontre de ses adversaires puis s’installe dans la guerre de tranchées. Par ses assauts courageux, bien souvent en charge à la baïonnette, il gagne du terrain à l’ennemi et le garde, malgré des pertes sensibles. Il remplit les missions qui lui sont confiées et les combats du 15 et 16 mai 1915 lui font obtenir une première citation.

    Envoyé en Artois, sur le village de Neuville St Vaast, près d’Arras, soumis à des bombardements intenses, il se distingue le 17 puis les 21 et 23 juin, se couvrant de gloire en repoussant l’ennemi qui sans cesse attaque nos lignes.

    Le 16 juillet le Régiment quitte l’Artois et est transporté en Lorraine. Commence alors un temps de repos et la reprise de l’instruction militaire.

    Le 24 août, le Président de la République Monsieur POINCARE, en présence du roi des belges Albert 1er (le Roi soldat), remet au 1er Régiment Mixte de Zouaves et Tirailleurs son drapeau décoré de la Croix de Guerre.

    Le 14 septembre 1915, le 1er Mixte est transporté dans la région de Valmy afin de prendre part à la grande attaque de Champagne.

    Le 26 septembre il reçoit l’ordre d’attaquer les tranchées dans la direction de RIPONT.

    Le 6 octobre, l’attaque à lieu à 5 h 20. Quatre vagues d’assaut se portent en avant dans un élan magnifique. Un quart d’heure après les deux premières vagues occupèrent déjà la 2ème tranchée allemande. La position acquise est aussitôt organisée.

    Mais , malgré des prodiges de valeur, devant des contre-attaques furieuses de l’ennemi, le régiment est obligé d’évacuer.

    Il faut ajouter, aussi, que ce jour là, le tir mal réglé de notre artillerie de campagne décima nos propres troupes.

    Ce 6 octobre 1915, CHARRIER Louis François fut porté disparu et c’est le jugement du tribunal de Montélimar en date du 9 février 1921 qui le déclara « mort pour la France » à Maison-Champagne ce 6 octobre 1915.

     

    JUGE Ernest trouva la mort  dans le Pas de Calais dans les collines de Souchet, sur le plateau tristement célèbre de Notre Dame de Lorette,  le 16 novembre 1915.

    Ernest est né au quartier des Calendres  le 5 juin 1880, fils d’André et de Philomène ESCOFFIER cultivateur  sur la commune.

    En 1901, il part à Grenoble pour accomplir son temps de service militaire au sein du 140ème Régiment d’infanterie. Caporal en 1903, il va servir dans la réserve au 52ème Régiment d’infanterie de Montélimar.

    De 1903 à 1914, il reprend l’exploitation agricole familiale située au quartier Maupas. Le lendemain de la mobilisation, il est à Montélimar dans son régiment le 52ème.

    Jusqu’au 30 mars 1915, il va vivre  le même calvaire que son ami  BRAVAIS  dans les Vosges puis dans la Somme, avec ses pluies, ses boues, ses bombardements, ses attaques et contre-attaques, la perte de ses camarades qui disparaissent régulièrement sur le champs de bataille.

    Le 3 mars 1915, le caporal JUGE remet volontairement ses galons et redevient 2ème classe.

    Le 31 mars il rejoint le 414ème Régiment d’infanterie qui vient d’être créer, avec ses 3 Bataillons et ses 12 compagnies. Les éléments venant du 52ème forme la 1ère compagnie du 414ème Régiment d’infanterie.

    Des combats de la Somme, le régiment part  dans la Marne puis, le 22 septembre  il embarque à Auxi le Château pour l’Artois  à Camblain l’Abbée. De là, les soldats sont vite dirigés vers les lignes de front  dont le but est de conquérir le plateau de Lorette près de Souchez.

    Cantonné à Grand Servins, un petit village qui leur sert de base de repos, les poilus ont vite reprit l’ambiance rude et tendue de ce secteur de combat. En effet, il n’est pas un jour sans ses pluies, ses boues, ses bombardements et ses morts.

    Le 13 octobre 1915, le régiment reçoit un renfort de 150 hommes.

    Le 21 octobre, le 1er Bataillon se trouve dans le secteur  nord, vers la Carrière, et subit une contre attaque allemande. Le combat acharné se fait à la grenade, sous un bombardement d’une violence inouïe. La situation est identique le lendemain  et le 23 octobre le bataillon repousse 3 attaques.

    Le 13 novembre le 1er Bataillon relève, dans la soirée le 3ème qui rentre à Grand  Servins et le 16 novembre, la 4ème compagnie du 1er Bataillon se trouve dans le secteur de la Carrière.

    JUGE  Ernest  figure parmi les 8 tués de la journée, tué à l’ennemi, comme il est stipulé sur sa fiche du site mémoire des hommes. Sa mort sur le champ de bataille a été certifiée par le Lieutenant CAVILLON Ernest et par le caporal LUSSIGNOL Marcel de la 4ème Compagnie. La transcription sera effectuée par monsieur le maire FAURE Jean Louis, le 22 juin 1916.

     

    Il est le 14ème enfant de notre commune à avoir donné sa vie pour la Patrie, il y a  tout juste 100 ans.

     

     

     

     

     






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