cette photo prise en 1989, au moment de la création de l'association "Les Amis du Temple d'Eurre" montre l'aspect vétuste extérieur, mais aussi , sur la partie gauche, un bout de l'ancien préau de l'école communale et la cabine téléphonique du centre du village.( ph : jean michel leroux)
AVANT PROPOS
Assez nombreux pour avoir un temple dès 1664, les protestants d'Eurre étaient 250 en octobre 1685 (qualifiés de nouveaux catholiques lors du resencement ordonné par l'évêque de Valence). Leur nombre diminua progressivement pour être 188 en 1840 et à ce jour, il en reste à peine 20 familles.
Le temple se trouvait au sud-ouest du village, attenant aux remparts, hors les murs, a été détruit par ordre du roi du 6 mars 1684, avec de nombreux autres.
La Révocation de l' Edit de Nantes, le 17 octobre 1685 obligea de nombreux huguenots à s'éxiler vers la Suisse, l'Allemagne, l'Angleterre, puisque ceux-ci n'éxistaient plus légalement.
Il faudra attendre la Révolution de 1789 et la Déclaration des Droits de L'Homme et du Citoyen pour avoir une amorce de réforme. Mais c'est la loi du 18 germinal an X (8 avril 1802) qui va permettre la réorganisation des cultes.
Le 1er août 1802 naît le Consistoire de Crest dont le procès-verbal de constitution est signé du sous-préfet de Die et des 19 notables protestants de la région du Crestois. Monsieur LOMBARD-LACHAUX en sera le premier pasteur.
Il n'éxistait alors que deux temples : celui de Plan de Baix et celui des Tonils. Ailleurs, les réunions du culte se faisaient dans une grange, une grande salle louée ou en plein air.
Dés lors, les protestants vont oeuvrer pour obtenir leur temple. Ce sera Crupies et Bezaudun en 1806 ainsi que Bourdeaux, Saillans en 1818, Crest en 1822, puis beaucoup d'autres pour terminer en 1867 par le temple de Tréminis.
En 1839, le roi Louis Philippe, son ministre des cultes, l'administration départementale et le Consistoire de Crest vont favoriser la construction du temple de Eurre.
La municipalité en place n'est pas défavorable au projet mais ne pourra aider au financement car la commune est pauvre et déjà bien endettée.
L'UNION FAIT LA FORCE
Le 22 mai 1839, une pétition des protestants d'Eurre, qui désirent exercer leur culte conformément à la loi en vigueur, est adressée à la municipalité qui délibère le 26 mai 1839
" ... Le Conseil, considérant que la construcrion d'un temple protestant à Eurre n'est pas du tout nuisible à la commune, au contraire, qu'il peut lui procurer quelques avantages en lui attirant des étrangers, qu'il est au regret qu'il ne puissecontribuer à cet établissement, mais qu'il lui est impossible entendu qu'elle se trouve déjà grévée de dettes et qu'elle n'a aucun revenu..." (décision du Conseil Municipal)
Déjà dans sa délibération du 18 avril 1839 le pasteur ARNAUD, président du Consistoire de Crest notait
"...Dans la mauvaise saison il est difficile que les protestants d'Eurre puissent fréquenter le culte public de Crest... Les vieillards, les infirmes, les enfants sont forcément privés de tout culte. Avec un temple, ils pourront se réunir plus souvent et participer aux bienfaits de l'instruction religieuse."
De nombreuses familles vont participer sous forme de souscriptions volontaires à l'édification du temple (environ 72 familles d'Eurre, de Crest, d'Allex et même de Plan de Baix). Leur participation ira de 1 à 300 francs, en argent, mais aussi par des engagements en journées de travail, fourniture de matériaux ou de matériels (voiture, chevaux), journées de maçonnerie, etc...
Les bancs ont été fournis par des particuliers et accueillent 220 fidèles.
La table de communion, en noyer, a été offerte par ALLOVON fils.
Le terrain, de 188,49 m², estimé à 200 francs, a été donné par FAURE Jean dit Cadet (acte de donation du 25 octobre 1841 et acte notarié de donation dressé en l'étude de maître BERANGER, notaire royal à Crest du 21 juin 1843).
En 1844, il a encore fallu l'aide de souscriptions pour parachever la construction. Les artisants , eux- même, ont consenti des remises importantes.
L' AIDE DE L' ETAT
Le 17 août 1842, l'Etat accorde une subvention de 1000 francs qui sera débloquée le 1er septembre 1843. Dans sa lettre du 16 août 1841, le ministre des cultes écrit :
"... J'ai vu avec intérêt les sacrifices faits par les fidèles pour suppléer par des dons volontaires en défaut des ressources communales, leurs efforts louables ne peuvent que paraître dignes d'encouragements et je suis disposé à accorder la totalité du secours demandé..."
COÛT DES TRAVAUX
Commencé en juillet 1843, le temple sera consacré à Dieu le 1er décembre 1844 mais ne sera terminé complètement et achevé d'être payé qu'en septembre 1845.
Le 2 janvier 1845, le pasteur ARNAUD récapitule les dépenses pour le temple d'Eurre :
Maçonnerie, charpente, couverture : 2724,10 francs
Plafond, enduits,carrelage : 536,30 francs
Menuiserie, serrurerie, vitrage : 865,00 francs
Valeur de l'emplacement plus les frais : 247,45 francs
Autres frais : 8,20 francs
A cela, il faudra ajouter le nécessaire pour le culte (bible, burettes, coupe, plat, nappes, rideaux, robe du pasteur).
Ce qui amènera les dépenses totales à 4913,45 francs
dont les souscripteurs ont apporté 3368,45 francs
et l' Etat 1550 francs.
LES TEMPS MODERNES
Le 9 décembre 1905, la loi de séparation de l' Eglise et de l' Etat va mettre les temples en péril. En effet, beaucoup seront mis à la disposition des communes ou vendus à des particuliers qui en feront des remises (Poët Celard) des écuries (Mormans), des salles des fêtes etc ... Le temple de Crest et le temple de Eurre resteront la propriété du Consistoire de Crest.
La population protestante diminuant, les temples ont été abandonnés et certains tombent en ruine.
Faire revivre un lieu endormi au milieu du village, tel est le défi qu'essaye de relever l'association
"Les Amis du Temple d' Eurre"
20 ans après, le temple est rénové, il abrite de nombreuses activités culturelles et accueille le culte occasionnellement.
un lien pour en savoir plus : http://huguenotsinfo.free.fr/