Façade Sud-Est du château : photo Jean Michel LEROUX 2013
Le château d’URRE
C’est au sommet d’une colline, sur les ruines d’un ancien magasin cellier romain (horréum), que les habitants d’Horréa, devenu Urre, construisirent une maison forte capable de les protéger des envahisseurs et vandales qui ravageaient la contrée.
Du bois des nombreuses forêts qui couvrent les collines alentour, ils firent une forteresse qui très vite s’avéra insuffisante.
Après l’an 1 000, un seigneur d’Urre fit construire un château fort en pierre, avec des tours rondes, un accès difficile vers la basse cour, une entrée avec bretèche. Un donjon où vivait sa famille fut élevé vers le sud et donnait sur une cour intérieure qui desservait plusieurs bâtiments utilitaires où logeait une garnison d’une vingtaine d’hommes, voir plus, prête à défendre les lieux et ses occupants.
Un puits profond alimentait en eau l’ensemble des habitants de la forteresse.
Le sommet du donjon permettait la vue directe sur les châteaux voisins de Crest, Vaunaveys, Chabrillan, Grâne, Allex et Montoison.
En échange de sa protection, les paysans, les artisans et autres manants furent invités à s’établir sur les flancs de cette colline, adossés aux hautes murailles du château et derrière les énormes remparts qui ceinturaient la base de celle-ci. Une porte donnant sur le chemin qui mène à Crest (c’est le chasteron) permettait d’y entrer. Les maisons furent construites en s’adossant aux murs du rempart et de chaque côté de la rue principale. Eurre, village perché, était né.
Les remparts vont protéger le village des pillards et des routiers (on parle des écorcheurs et des grandes compagnies) vers 1330-1350 puis pendant les guerres de religion de 1562 à 1584.
Une église qui servait aussi de chapelle pour le seigneur et sa famille, fut construite au centre de ce village médiéval.
En 1266, une charte de libertés fut accordée par le seigneur François d’URRE à ses sujets. Hormis de nombreux points.
…« Pour tous les autres usages, bans, actions, justices, domaines, mutations, plaits, investitures et pour les autres droits, fours, moulins, chasses, clôtures, rondes, guets et gardes, réparation et construction d’édifices, jouissances diverses, secours en armes ou sans armes à nos amis et à nos alliés, envoi de messagers en toute occurrence et en tout lieu, nous conservons nos droits seigneuriaux. »…
D’ abord défensif, ce château est devenu résidentiel depuis l’apparition des armes à feu et des canons. Vers 1525, Germain d’Urre dit « le capitaine Mollans » revenant des guerres d’Italie, fît d’importantes transformations en démolissant le donjon pour en faire une chapelle et en agrandissant sa façade au sud dans le style Renaissance que nous lui voyons encore aujourd’hui.
Pendant les guerres de religions, l’édifice ne subit que peu de dommages. Louis XIII et Richelieu firent abaisser ses tours de défense et démanteler les remparts extérieurs dont on peut voir quelques vestiges du coté de l’école.
Le 16 juillet 1675, Marie d’URRE épousa Claude Augustin de VESC et la seigneurie d’Eurre passa ainsi aux de Vesc.
Après la Révolution, le seigneur Augustin de Vesc s’étant enfuit, il fut vendu comme bien national.
Revendu de nombreuses fois, il connut l’alternance des périodes d’occupation et d’abandon. Les Sœurs de St Joseph de Lyon occupèrent la partie dite du vieux château. Les parents de monsieur Gaston Deferre, maire de Marseille, venaient souvent passer leurs vacances d’été en leur château d’Eurre… Après la seconde guerre mondiale, de nombreux propriétaires se succédèrent.
Toujours propriété privée, le château ne se visite pas mais reste le bâtiment emblématique de notre commune … qui nous fait… rêver.